Du fait de l’anthropisation croissante de l’écosystème forestier du Sud-Cameroun, les populations humaines sont exposées à un risque accru de transferts et d’émergences d’agents infectieux hébergés par la faune sauvage, notamment transmis par des moustiques vecteurs. En effet la pression anthropique, qu'elle soit générée par des activités macro- et micro-économiques, par le développement d’infrastructures (ports, routes, barrages) et de pôles urbains ou par des activités industrielles ou agricoles, de subsistance (chasse, pêche, cueillette, micro-agriculture, élevage, etc), engendre la création d’interfaces entre la faune sauvage et l’Homme et ses animaux domestiques, où les transferts d’agents infectieux s’en trouvent facilités. A ces interfaces, les changements environnementaux et des comportements humains induits, sont susceptibles de moduler les communautés de vecteurs et le risque vectoriel. Afin d’évaluer ce risque et de le mitiger, Il est indispensable de mieux comprendre les interactions entre les vecteurs, le couvert végétal et les populations humaines pour mieux évaluer les effets positifs ou négatifs de cette anthropisation et de mettre en place un cadre d’actions communes permettant de juguler les effets négatifs ou a contrario permettant de pérenniser les effets positifs. Une telle démarche holistique doit évidemment s’appuyer sur la connaissance du terrain à travers des études en Entomologie, en Écologie, en Sociologie et en Économie. Cependant, compte-tenu de la complexité de ces interactions, la modélisation mathématique constitue un complément indispensable pour intégrer l’ensemble des processus en jeu, mieux cibler les expériences et observations de terrain, confirmer/infirmer des hypothèses scientifiques et évaluer des scénarios d’évolution de ces systèmes pour l’aide à la décision. Le projet I-CARE a pour objectif principal de s’attaquer à cet enjeu et a pour finalité de comprendre, évaluer et mitiger les risques d’émergence d’agents infectieux zoonotiques transmis par les culicidés. Il s’articule autour de trois sujets de thèse en Entomologie Médicale, en Mathématiques Appliquées et en Économie. Cet attelage transdisciplinaire, décloisonné, avec des passerelles qui permettent de nourrir la réflexion entre les différents sujets, s’inscrit dans le cadre du projet transdisciplinaire et multi-pays AFRICAM coordonné par l’initiative PREZODE et financé par l’AFD. Ce dernier offre un cadre scientifique et logistique idéal pour le co-développement des 3 thèses du Nexus. Le consortium d’I-CARE réunit trois UMRs (MIVEGEC, AMAP et INNOVATION) de l'écosystème montpelliérain, avec des experts internationalement reconnus dans leurs champs disciplinaires thématiques, connaissant parfaitement les terrains d'études et les partenaires institutionnels locaux, et enfin, sont parfaitement motivés par le développement de l’interdisciplinarité.