De l'inventaire de la biodiversité aux priorités de conservation dans le hotspot du bassin méditerranéen : peut-on combler les déficits de connaissance ?

Naturaliste de terrain, mes recherches doctorales en écologie végétale ont concerné la biodiversité des milieux ouverts méditerranéens, menées parallèlement avec une activité professionnelle de bureau d'études. Cette connaissance de la botanique, élargie Í  toute la Méditerranée occidentale, m'a par la suite permis de rédiger des chapitres d'ouvrages (monographies, clés de détermination, index synonymiques, catalogues) sur la flore de France ou d'Afrique du Nord.

En collaboration avec diverses équipes européennes, j'ai entrepris des travaux concernant de nouveaux axes de recherche (systématique intégratrice, biogéographie et phylogénie), j'ai diversifié les modèles biologiques (mollusques) et assimilé de nouvelles méthodes (biochimie, génétique moléculaire). Diverses espèces endémiques ont servi de modèles intégrateurs que nous étudions Í  tous niveaux, depuis l'inventaire et la conservation in situ, jusqu'aux origines phylogénétiques et paléo-écologiques de l'endémisme, travaux effectués dans le cadre de plusieurs thèses de doctorat.

Au sein de l'U.M.R. AMAP, j'ai collaboré avec Tela Botanica au projet Pl@ntNet (www.plantnet-project.org) qui se poursuit Í  travers le projet Floris'TICs (financement ANRU), avec des activités consacrées Í  la flore d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. J'ai recentré mes recherches vers la botanique descriptive et le catalogage de la biodiversité, Í  travers l'animation d'un réseau collaboratif et l'utilisation d'outils informatiques de stockage d'informations et d'identification taxonomique sur la flore méditerranéenne. Je me concentre sur la description de la biodiversité méconnue dans le hotspot méditerranéen, combinant approches classiques (morphologiques) et modernes (moléculaires).

Mon projet de recherche consiste Í  poursuivre la dynamique que j'ai initiée depuis une dizaine d'années. Ce projet traite de biogéographie, de taxonomie et de conservation au service de la connaissance, protection et valorisation de la biodiversité en Méditerranée, particulièrement dans les pays des rives sud et est (Maghreb et Proche-Orient). Il vise Í  moyen / long terme Í  participer au comblement du déficit taxonomique dans des zones de point-chauds de la biodiversité et de points-froids de connaissance, comme le Maghreb et le Proche-Orient méditerranéens. L'objectif est la réappropriation, par le corps scientifique maghrébin et proche-oriental, d'une longue et riche histoire de la connaissance de la biodiversité, partiellement interrompue depuis un demi-siècle, et dont les collections historiques des herbiers de Montpellier (MPU), Paris (P) ou Genève (G) en sont la précieuse mémoire. Le projet puise sa cohérence régionale Í  travers une convergence biogéographique naturelle et intègre toutes les disciplines depuis l'inventaire de la biodiversité jusqu'aux outils d'aide Í  la décision.

Le projet s'articule autour de trois objectifs : 1) Amélioration et capitalisation des connaissances fondamentales sur la botanique méditerranéenne au Maghreb et au Proche-Orient ; 2) Formation et assistance, dans les pays du Sud, d'équipes de terrain ; 3) Production d'outils d'identification pratiques, classiques ou modernes, adaptés aux besoins des botanistes et écologues.