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Les differents modes de construction d'un tronc

La phase d'édification du tronc, on vient de le voir est d'une importance capitale pour le devenir
à long terme de l'arbre. C'est elle aussi qui est le souci majeur des pépiniéristes,
des forestiers, des gestionnaires, des élagueurs, enfin de tous ceux qui s'intéressent aux
arbres de loin ou de près. Aussi nous allons voir, plus en détail, quelles sont les principales
voies adoptées par les arbres pour construire un tronc.
Les forts en tête : les monopodes 
L'un des modes de construction les plus simples consiste à élaborer une tige
principale, le tronc, et à organiser tout le reste de la structure autour de celui-ci.
Les palmiers, pas de choix, c'est la loi
Dans ce cas, il n'y a qu'un tronc, pas la moindre branche. Edifiées à partir d'un seul point
en croissance, les feuilles se développent fortement donnant souvent l'illusion de branches et procurant
une grande surface d'alimentation pour l'individu. La mortalité du point de croissance se traduit
inéluctablement par la mort de l'individu.
Le résineux, un esprit cartésien
Le tronc, point fort de la structure, impose sa dominance sur tous les autres axes mis en place. L'architecture
se construit en respectant scrupuleusement un plan donné pour chaque espèce. Croissance
au carré, une seule tête par ligne, les plantations de résineux illustrent à
merveille le comportement extrêmement hiérarchisé de la plupart de ces plantes. Les
seules entorses au règlement qui semblent permises sont les accidents de tête (la partie
manquante est régénérée) ou le trop plein d'énergie (réitération)
....
Les feuillus, ils voudraient bien, mais ne peuvent point
Chez les feuillus, des espèces comme le Merisier ou le Peuplier sont réputées adopter
le même comportement, mais le pari est difficile à tenir. Quand elles sont jeunes, les accidents
ne ménagent pas leur tête, bilan : elles sont obligées de mettre en place des axes
relais pour refaire un tronc. Quand elles sont adultes, elles sont le siège d'une course au pouvoir,
les branches veulent se faire aussi grosses que le tronc et du coup l'arbre devient une colonie !...
Les usurpateurs ou l'art du sympode 
D'autres plantes voient naturellement leur point en croissance disparaître régulièrement
au cours de la vie (chaque année, plusieurs fois dans l'année,...).
La bille ne fait pas le moine !
Qui n'a pas admiré le tronc altier d'un Noyer, à la rectitude impeccable. Et pourtant, en
y regardant de plus près, son histoire n'est pas aussi droite qu'il y paraît... La floraison
vient régulièrement mettre un terme à la fringante activité du point de croissance
du tronc. En fait le tronc est un assemblage de morceaux.... Chaque année une pousse latérale
vient se mettre dans le prolongement de la précédente, formant au cours des années et
avec l'aide de la croissance en épaisseur un tronc rectiligne. Il est à remarquer que ce
même mécanisme construit aussi les branches du Noyer.
Avantages ? Le Platane, l'abuseur public, abusé !
Si le Platane présente le même type de subterfuge que le Noyer, il se trouve que sa nature
profondément sympodiale est liée à une formidable capacité de mise en réserve
lui permettant de réagir à tout type de traumatisme. De fait ,il est capable de survivre
et vivre dans des conditions extrêmement dures. Résultat : il est vite devenu le souffre-douleur
de premier ordre dans la gestion des arbres urbains. Mais la vie est au bout de l'allée... et
l'évolution des conceptions de l'arbre en milieu plus libre lui promettent des jours plus heureux.
Les mécanismes d'édification du tronc sont de plus accompagnés, chez cette essence,
d'un remarquable pouvoir de cicatrisation laissant le tronc ornementé de bosses et bourrelets divers
(de la cicatrice de grosses branches à l'absorption d'un panneau de signalisation !).
Les indécis 
D'autres arbres comme les Robiniers et les Ormes se construisent, bon an mal an, en empilant des portions
d'axes. Les tiges qui se mettent en place sont un peu toutes équivalentes. La position de leader
s'instaure petit à petit, en fonction des conditions du milieu. Ainsi face à un traumatisme
ou à une perturbation forte de l'environnement, la plante continue de s'organiser. Dans ce mode de
développement, on rencontre beaucoup de plante qui ont un port plutôt affaissé. C'est
la croissance en épaisseur qui rend de plus en plus distincte la direction du « tronc »
en permettant le redressement d'une partie de la tige.
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