Historique
Le Platane, du grec platanos, signifie large et plat ; cette dénomination trouve son origine dans une croyance de la civilation Crétoise :
la feuille à cinq lobes du Platane correspondrait aux cinq doigts de la main de la Grande Déesse, la Terre Mère. Il s'agit ici du Platanus orientalis L.
Cet arbre fut importé et vénéré chez les Grecs où il était oraculaire. Puis il passa chez les Romains qui l'introduisirent en Gaule où,
étant considéré comme un arbre de luxe, sa plantation était soumise à un impôt. Ainsi jusque vers les années 1700, le Platane
(Platanus orientalis L.) se répendit lentement en France et en Europe.
En 1636, le Platane d'occident (P. occidentalis L.) fit son apparition en Angleterre, importé des Etats-Unis (Virginie) par le botaniste J. TRADESCANT. Cette espèce
eut un développement difficile car très sensible aux attaques d'anthracnoses, elle ne fructifia que très rarement, notamment à Lattes près de Montpellier (France).
L'existence du Platane que nous connaissons dans les villes fut signalé vers 1663. Son origine est très contreversée. Selon certains auteurs il serait le produit d'une hybridation naturelle entre le Plantane
d'orient et celui d'occident, pour d'autres il serait une variété du Platane d'orient. Même sa dénomination botanique n'est pas claire, si selon le code de nomenclature l'espèce
Platanus hybrida Brot. est bien légitime, sa synonymie Platanus acerifolia (Aiton) Willd., le Platane à feuille d'érable a été consacrée
par l'usage. Cette espèce a pris une grande importance avec les plantations d'alignements.
Si l'origine des plantations routières remonte aux guerres d'Italie, avec surtout les ormes, c'est sous Napoléon III qu'elles prirent une grande expansion et surtout le Platane vers les années 1810. L'entretient de
ces arbres était très suivi, mais les problèmes de taille et de gestion étaient déjà de une préoccupation de nos prédécesseurs.
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La plantule
C'est aux mois de mars-avril, qu'un akène donne naissance à une axe dressé (A1) portant
deux cotylédons rougeâtres et des feuilles disposées selon une spirale.
Il y a développement de rameaux latéraux (A2) de façon plus ou moins diffuse le long de l'axe A1.
Durant l'hiver le méristème est protégé dans un bourgeon.
Puis très rapidement (1 à 3 ans) survient la mort du méristème apical ; ce
phénomène concerne alors tous les axes et cela toutes les années à venir de la vie de l'arbre.
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La jeune plante
L'arbre adulte
L'arbre sénescent
Les branches maîtresses présentent une succession de fourches qui diminuent de taille en allant vers la périphérie de l'arbre.
Sur les branches en place, il se développe tardivement des complexes réitérés
, leurs croissance
est d'autant plus grande qu'ils sont prochent du tronc. Les branches basses sont formées par une succession d'arcures :
il y a développement d'un relais sur la partie supérieure de la branche et dépérissement de sa partie distale.
Puis l'ensemble des axes se couvre de nombreux petits rejets qui ont une structure similaire à celle des A3 et des A4.
Cela augmente l'abondance de la floraison.
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Discussion
La construction de la cime du Platane s'effectue par réitération.
La mise en place progressive des complexes réitérés (existence d'une zone de transition) repose sur
une véritable métamorphose des axes générant les complexes réitérés
(métamorphose architecturale). La grande différence avec les plantes à métamorphose déjà décrites
réside dans le fonctionnement entièrement sympodial du Platane.
La plante passe par une phase de forte dominance apicale aboutissant à une
hiérarchie prononcé, un seul relais sympodial ; il y a alors un tronc bien marqué, des
branches ramifi‚es à l'ordre cinq.
Puis cette dominance diminue, on assiste alors à une forte compétition entre
les relais subterminaux. Les structures ramifiées form‚es par ces relais sont plus ou moins
équivalentes (essai de réitération), mais un des relais reste encore dominant.
Enfin deux ou trois relais sont véritablement équivalents (réitération) cela aboutit à la mise en place des branches maîtresses qui édifieront la cime. Chacun de ces complexes réitérés
passe par une phase très hiérarchisée, puis à nouveau et de façon
synchrone pour l'ensemble des complexes réitérés, il y a réitération.
Le phénomène se répète encore plusieurs fois, mais à chaque "vague" les
phases de développement comportent moins d'événements. Ainsi la taille des structures
élaborées se réduit en allant vers la périphérie de l'arbre.
Il y a alors apparition de complexes réitérés à développement tardifs qui
viennent renforcer l'infrastructure déjà mise en place.
En résumé (schéma de fonctionnement du Platane), par un jeu de dominance
entre les axes, la plante évolue comme une plante monopodiale (hiérarchisation,
métamorphose et réitération)
mais de sa structure sympodiale de base elle garde une
grande souplesse de componement.
Conclusion
L'étude de l'architecture et de la dynamique de croissance du Platane fait
ressortir qu'il s'agit d'un arbre à métamorphose dont la structure fine est entièrement
sympodiale. Cela permet en partie de comprendre la remarquable aptitude de cette essence
à réitérer après une taille et les différentes réponses possibles en fonction de l'âge et des
branches élaguées.
Pour parvenir à prévoir le type de réponses en fonction d'une taille, il est
nécessaire d'approfondir notre connaissance de l'évolution de l'architecture de la cime au
ours de son vieillissement.
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