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Espèces Feuillus Plantes cultivées

Le platane
quelques aspects de son architecture

Yves Caraglio Claude Edelin
Institut de Botatinique - Montpellier

Historique

Le Platane, du grec platanos, signifie large et plat ; cette dénomination trouve son origine dans une croyance de la civilation Crétoise : la feuille à cinq lobes du Platane correspondrait aux cinq doigts de la main de la Grande Déesse, la Terre Mère. Il s'agit ici du Platanus orientalis L.
Cet arbre fut importé et vénéré chez les Grecs où il était oraculaire. Puis il passa chez les Romains qui l'introduisirent en Gaule où, étant considéré comme un arbre de luxe, sa plantation était soumise à un impôt. Ainsi jusque vers les années 1700, le Platane (Platanus orientalis L.) se répendit lentement en France et en Europe.
En 1636, le Platane d'occident (P. occidentalis L.) fit son apparition en Angleterre, importé des Etats-Unis (Virginie) par le botaniste J. TRADESCANT. Cette espèce eut un développement difficile car très sensible aux attaques d'anthracnoses, elle ne fructifia que très rarement, notamment à Lattes près de Montpellier (France).
L'existence du Platane que nous connaissons dans les villes fut signalé vers 1663. Son origine est très contreversée. Selon certains auteurs il serait le produit d'une hybridation naturelle entre le Plantane d'orient et celui d'occident, pour d'autres il serait une variété du Platane d'orient. Même sa dénomination botanique n'est pas claire, si selon le code de nomenclature l'espèce Platanus hybrida Brot. est bien légitime, sa synonymie Platanus acerifolia (Aiton) Willd., le Platane à feuille d'érable a été consacrée par l'usage. Cette espèce a pris une grande importance avec les plantations d'alignements.
Si l'origine des plantations routières remonte aux guerres d'Italie, avec surtout les ormes, c'est sous Napoléon III qu'elles prirent une grande expansion et surtout le Platane vers les années 1810. L'entretient de ces arbres était très suivi, mais les problèmes de taille et de gestion étaient déjà de une préoccupation de nos prédécesseurs.

La plantule

C'est aux mois de mars-avril, qu'un akène donne naissance à une axe dressé (A1) portant deux cotylédons rougeâtres et des feuilles disposées selon une spirale.
Il y a développement de rameaux latéraux (A2) de façon plus ou moins diffuse le long de l'axe A1. Durant l'hiver le méristème est protégé dans un bourgeon.
Puis très rapidement (1 à 3 ans) survient la mort du méristème apical ; ce phénomène concerne alors tous les axes et cela toutes les années à venir de la vie de l'arbre.

La plantule

La jeune plante

Il y a eu édification d'un tronc (A1) ; la croissance est rythmique, chaque nouvelle poussée de croissance est bien structurée, hiérarchisée Extrémité du tronc.
L'analyse rapide de l'arbre montre un développement conforme au modèle architectural de MASSART : un tronc orthotrope pourtant des étages de branches plagiotropes.
Les branches (A2) sont ramifiées selon un plan très précis, chaque ordre de ramification (A1, A2, A3, A4 et A5) sont caractérisables par des critères morphologiques et fonctionnels (unité architecturale Unité architecturale du Platane). Une étude fine nous révèle que chaque type d'axe constituant le tronc ou les branches est formé d'une succession linéaire de relais. La mort du méristème apical de chaque relais est suivi du développement d'un bourgeon subterminal. A ce stade, l'arbre a édifié l'architecture fondammentale ou unité architecturale Unité architecturale du Platane qui le caractérisera tout au long de sa vie

Jeune platane

L'arbre adulte

Il comporte deux parties :

  • une partie basse formée du tronc et des étages de branches plagiotropes,
  • une partie haute constituée par une fourche de deux ou trois branches maîtresses. Dans cette zone, le tronc en tant que structure unique s'arrête. La structure des branches maîtresses est identique à celle de l'arbre jeune ; elles dupliquent ou réitèrent l'unité architecturale Unité architecturale du Platane du platane : ce sont des complexes réitérés Complexes réitérés.
Entre ces deux parties, il existe une zone de transition constituée d'axes qui ont des caractéristiques intermédiaires entre un conplexe réitéré et une branche (A2).
Platane adulte

L'arbre sénescent

Les branches maîtresses présentent une succession de fourches qui diminuent de taille en allant vers la périphérie de l'arbre.
Sur les branches en place, il se développe tardivement des complexes réitérés Complexes réitérés, leurs croissance est d'autant plus grande qu'ils sont prochent du tronc. Les branches basses sont formées par une succession d'arcures : il y a développement d'un relais sur la partie supérieure de la branche et dépérissement de sa partie distale.
Puis l'ensemble des axes se couvre de nombreux petits rejets qui ont une structure similaire à celle des A3 et des A4. Cela augmente l'abondance de la floraison.

Arbre sénescent

Discussion Développement du Platane

La construction de la cime du Platane s'effectue par réitération. La mise en place progressive des complexes réitérés (existence d'une zone de transition) repose sur une véritable métamorphose des axes générant les complexes réitérés Complexes réitérés (métamorphose architecturale). La grande différence avec les plantes à métamorphose déjà décrites réside dans le fonctionnement entièrement sympodial du Platane. La plante passe par une phase de forte dominance apicale aboutissant à une hiérarchie prononcé, un seul relais sympodial ; il y a alors un tronc bien marqué, des branches ramifi‚es à l'ordre cinq.
Puis cette dominance diminue, on assiste alors à une forte compétition entre les relais subterminaux. Les structures ramifiées form‚es par ces relais sont plus ou moins équivalentes (essai de réitération), mais un des relais reste encore dominant.
Enfin deux ou trois relais sont véritablement équivalents (réitération) cela aboutit à la mise en place des branches maîtresses qui édifieront la cime. Chacun de ces complexes réitérés Complexes réitérés passe par une phase très hiérarchisée, puis à nouveau et de façon synchrone pour l'ensemble des complexes réitérés, il y a réitération. Le phénomène se répète encore plusieurs fois, mais à chaque "vague" les phases de développement comportent moins d'événements. Ainsi la taille des structures élaborées se réduit en allant vers la périphérie de l'arbre.
Il y a alors apparition de complexes réitérés à développement tardifs qui viennent renforcer l'infrastructure déjà mise en place.
En résumé (schéma de fonctionnement du Platane), par un jeu de dominance entre les axes, la plante évolue comme une plante monopodiale (hiérarchisation, métamorphose et réitération) mais de sa structure sympodiale de base elle garde une grande souplesse de componement.

Conclusion

L'étude de l'architecture et de la dynamique de croissance du Platane fait ressortir qu'il s'agit d'un arbre à métamorphose dont la structure fine est entièrement sympodiale. Cela permet en partie de comprendre la remarquable aptitude de cette essence à réitérer après une taille et les différentes réponses possibles en fonction de l'âge et des branches élaguées.
Pour parvenir à prévoir le type de réponses en fonction d'une taille, il est nécessaire d'approfondir notre connaissance de l'évolution de l'architecture de la cime au ours de son vieillissement.

Vieil arbre

Le Peuplier Espèces